Historiquement, dans le monde de la gestion d’actifs nous avions plutôt tendance à observer ce que l’on appelle l’activisme actionnarial, pendant à connotation négative de l’engagement actionnarial.
Souvent décrié dans la presse en raison des incidences négatives qui peuvent être portées sur l’émetteur ou les petits porteurs, l’activisme se définit par une prise de participation significative au capital d’une entreprise pour influencer brutalement sa gouvernance et ses décisions de gestion.
Certains Hedge Funds sont uniquement connus pour leurs pratiques activistes et sont assimilés à des fonds “vautours” qui vont rechercher une performance absolue à court terme quitte à détruire les intérêts, la stratégie et les objectifs à long terme de l’entreprise.
Pour les groupes cotés en bourse, les fonds activistes sont considérés comme le mal absolu puisqu’ils peuvent rallier d’autres actionnaires à leur cause qui peut avoir pour conséquence un renouvellement du conseil d’administration, des plans de licenciement, une restructuration massive…
En effet, l’engagement actionnarial désigne le fait de “de prendre position sur des enjeux ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) et d’exiger des entreprises visées qu’elles améliorent leurs pratiques dans la durée. Ces exigences sont formulées via une démarche structurée comprenant un dialogue direct avec l’entreprise et un suivi sur le long terme.” (Définition de Novethic)
Et lorsque les discussions bloquent ou s’avèrent infructueuses, des leviers sont à disposition des investisseurs-actionnaires pour faire pression sur l’entreprise.
On y retrouve notamment, la prise de parole publique dénonçant l’insuffisance de l’entreprise dans le domaine extra-financier (Name & Shame), du lobbying auprès d’autres actionnaires, l’utilisation des droits de votes contre des résolutions ou en faveur de résolutions externes (Say on Climate), … En définitif, un éventail de solutions pour influencer de manière concrète et durable les décisions stratégiques prises par l’entreprise.
Un exemple criant d’engagement actionnarial qui a porté ses fruits, concerne la société ExxonMobil (anciennement Esso), un des leaders mondiaux du domaine pétrolier avec un chiffre d’affaires de plus de 280 milliards de dollar en 2021, et une des capitalisations boursières les plus importantes au niveau mondial.
Pourtant, après près de deux décennies à repousser les militants environnementaux, ExxonMobil a cédé face au fonds Engine N°1, un micro-fonds qui détenait seulement 0,02% des parts de l’entreprise mais qui a réussi à rallier des investisseurs pour faire entendre sa voix. Suite à cela, Engine N°1 a placé 3 nouveaux représentants au conseil d’administration d’ExxonMobil.
Néanmoins, il faut conserver un regard critique, ces nouveaux administrateurs ne sont pas des “écologistes” de la première heure mais plutôt des cadres supérieurs, experts du secteur énergétique qui intègrent les enjeux environnementaux dans leur stratégie et éviteront un statut quo de la part de dirigeants historiques qui faisaient la sourde oreille, un début de victoire, malgré un chemin encore long.
En France, la réglementation avance dans le bon sens, puisque de nouvelles obligations incombent aux acteurs de la gestion avec l’élaboration et la publication d’une politique d’engagement actionnarial ainsi qu’un rendu public annuel de leurs politiques d’engagement et de vote.
Cependant, il faut là aussi conserver un regard critique sur la situation, les récentes AG de mai 2022 ont posé les limites de l’engagement actionnarial; avec des plans climatiques jugés incompatibles au regard des accords de Paris (et la limitation de hausse à 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle) qui ont été approuvés par les actionnaires.
On retrouve d'ailleurs des actionnaires qui s’engagent médiatiquement en faveur de plans climat mais ne votent pas en conséquence lors des AG, ce qui semble s’apparenter à du greenwashing.
En définitif, il paraît opportun d’inclure une réflexion sur l’engagement actionnarial et la politique de d’utilisation des droits de vote en AG lors de la sélection de ses produits d’investissements financiers. Ces informations sont disponibles sur les sites internet des sociétés de gestion.
Car une fois de plus, le client final possède encore le pouvoir de choisir. Et a fortiori, le pouvoir d’avoir de l’impact sur les décisions d’une entreprise en tant qu’actionnaire.
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